La grandeur d'un homme est
dans l'acceptation de ce qui est.
Saint François d'Assise

 

Il était une fois, dans le petit royaume du Bhoutan, au coeur de l’Himalaya aux sommets enneigés, quatre animaux qui devisaient ensemble. Il y avait là, l’éléphant robuste qui aime les grandes plaines et les arbres feuillus, le singe malin qui virevolte de branche en branche dans les forêts, le lapin vif et curieux qui sait si bien se cacher dans son terrier et l’oiseau qui, d’un battement d’ailes, s’envole dans le ciel. Ces animaux s’étaient ainsi retrouvés car il y avait une grande fête sur le Mont Dochu La à laquelle ils souhaitaient assister.

La fête au Mont Dochu La, perché à 3000 m d’altitude, rassemblait tout ce que le Bhoutan comptait d’animaux, d’humains mais on disait aussi que les demi Dieux, les Dieux et tous les autres habitants des six mondes y seraient également. Le monde de l’enfer, le monde des affamés y côtoieraient le monde des animaux, celui des humains et ceux des dieux et demi dieux, bref tous les mondes dans lesquels chacun peut naître pour accomplir son karma. Ah oui le karma, mais qu’est-ce donc ? le karma c’est la place que tu as dans une vie en fonction de ce que tu as fait dans une vie précédente. Ainsi si tu fais du mal par exemple à un animal, tu peux dans ta prochaine vie, être cet animal. Alors tu comprendras qu’il ne faut pas faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse. Cette leçon est importante, les animaux le savent bien eux aussi, d’autant que cette rétribution des actes est aussi valable au sein d’une même existence et que juguler les 3 poisons, que sont la colère, l’ignorance et l’avidité est un enjeu majeur pour purifier le karma !

Dans l’immédiat, ce qui préoccupait les animaux était la distance à parcourir, les dangers à passer, la solitude du trajet, la peur des prédateurs, la difficulté de trouver de la nourriture et le risque d’arriver en retard. Pourtant chacun d’entre eux avait de belles qualités et des capacités qui étaient précieuses mais qui ne leur paraissaient pas suffisantes pour parcourir tout le chemin. Alors ils désespéraient, ainsi le lapin disait : ah, si j’étais un oiseau, je verrai de là-haut le chemin et saurai m’orienter ; le singe se plaignait de devoir sauter de branche en branche ce qui le fatiguait beaucoup, l’éléphant qui, certes, avait bonne mémoire du trajet à faire, se rappelait cette difficulté toutefois à trouver des passages assez larges pour son imposante stature, quant à l’oiseau, il se disait que le vol en continu était bien fastidieux !

C’est alors qu’un grand arbre auprès duquel ils étaient et qui ressemblait comme deux gouttes d’eau au grand ficus sous lequel Bouddha, assis en méditation, comprit le sens de la vie, leur souffla la solution : Chers amis, vous êtes quatre et chacun de vous a de belles qualités, chacun de vous sait faire des choses que les autres ne savent pas faire ou ne peuvent pas faire...mais vous pouvez être quatre amis et l’ami est celui qui jamais ne délaisse l’autre, qui jamais n’est indifférent aux difficultés de l’autre, il console des peines et se réjouit des joies, l’ami est celui qui, tout simplement, fait attention à l’autre

… Aussi, réfléchissez, vous pouvez apprendre les uns des autres, c’est le secret de la vie

Les quatre animaux, surpris d’entendre parler cet arbre et interloqués par ses propos, se regardèrent et, tout à coup, leurs yeux pétillèrent … mais oui, bien sûr en s’entraidant, il leur serait facile d’atteindre le Mont Dochu La ! Et sitôt compris, dans une joyeuse frénésie, ils décidèrent de faire route ensemble ! Le robuste éléphant de son pas solide et régulier porterait, assis sur sa croupe, le singe facétieux et de bonne humeur, qui, lui, protégerait le lapin qui à son tour saurait repérer les dangers, et l’oiseau, tantôt posé sur la tête du lapin pour se reposer, tantôt dans les airs, donnerait la bonne direction. Ainsi les quatre animaux seraient unis dans l’harmonie.

On sait que grâce à cette compréhension, nos quatre compères arrivèrent à l’heure au Mont Dochu La et purent profiter du spectacle sous le grand ciel bleu de l’Himalaya. Forts de cette expérience, ils restèrent amis, unis et fraternels.

Telle est la légende «nouvellement adaptée» des amis harmonieux.

La légende des amis harmonieux

(source d’inspiration : les vies de Bouddha)

©Nicole Dormeau