"L'espoir ne doit pas être tourné vers l'avenir mais vers l'invisible"
Christiane Singer

LE FILET D’INDRA

L’une des métaphores dont se sert la philosophie Bouddhique est le Filet d’Indra. C’est un «filet» multidimensionnel. A chaque noeud formé par les fils il y a un joyau qui se reflète dans les autres. Chaque joyau contient la réflexion de tous les autres joyaux, sans fin. Les fils sont invisibles. Nous ne les voyons pas et nous ne comprenons donc pas que tout, dans ce filet, influe sur tout ce qui existe d’autre dans le cosmos.

Ce filet illustre le concept de la vacuité (1), de l’inter-être, de la provenance interdépendante*. L’interdépendance, c’est qu’il n’existe rien qui ne soit indépendant de quelque chose d’autre. De plusieurs autres choses. Et puisque toutes ces autres choses dépendent aussi d’autres choses, tout dépend de toutes les autres choses. Nous aussi. Rien dans l’univers n’existe seul. Tout est interdépendant de tout. Nous aussi.

La provenance interdépendante

signifie que chaque phénomène est une manifestation qui surgit grâce aux causes et aux conditions de chaque chose dans le temps et l’espace. Toutes choses à leurs tours s’associent à d’autres et produisent des effets sans nombre. Tout change continuellement et, donc, rien n’a d’existence permanente. Tout a des causes et des conditions, tout produit des effets.

«Ceci est parce que cela est. Ceci apparaissant, cela apparaît.»

En interrompant la chaîne des causes et des conditions, les évènements, les situations sont modifiés.

« Ceci n’est pas parce que cela n’est pas. Ceci cessant, cela cesse.»

Dans le Dhammapada 3 chapitre XX la Voie, Shakyamuni, le Bouddha historique déclare :

«Toutes choses conditionnées sont impermanentes.

Lorsque l’on discerne ceci par la Sagesse, on est las de l’insatisfaction, ceci est le chemin de la pureté.»

Si parfois cette idée d’impermanence peut nous paraître effrayante, elle n’est pourtant pas négative.Sans ce

changement continuel, la vie ne serait pas possible, nous n’existerions pas. Merci l’impermanence !

Dans la deuxième phrase de cette citation :

La Sagesse est la vue transcendante, la compréhension profonde. La Sagesse, c’est saisir que tout est interdépendant, que tout vit grâce à ce filet d’Indra.

L’insatisfaction, aussi appelée souffrance, est ce sentiment de manque que nous éprouvons souvent.

Le chemin de la pureté est la voie de l’éveil. L’éveil, c’est vivre sans faire constamment de comparaisons, ce qui

nous libère des contraintes mentales que nous nous imposons nous-même. L’éveil, c’est avoir l’esprit ouvert aux

choses telles qu’elles sont, sans y ajouter nos idées préconçues, ce qui nous permet de vivre en harmonie avec

tous les êtres, là où nous nous trouvons, à la fois les pieds sur terre et dans ce réseau incommensurable.

«La pensée précède toutes choses, elle les dirige, en est la cause. Si une personne parle ou agit avec un

esprit pur, (éveillé), le bonheur l’accompagne comme son ombre qui jamais ne s’éloigne.»

(3)

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La version bouddhique de cette métaphore provient du Sûtra Avamtasaka ou Sûtra de l’Ornement Fleuri,

(sûtra Mahayana (2) du 3e siècle).

1 La vacuité dans le Bouddhisme n’est pas négatif. Dans le Mahayana cela veut dire que tout étant

interdépendant, rien n’existe seul, tout est vide d’un soi indépendant.

2. Mahayana: Grand Véhicule, véhicule qui inclut tout. Branche du bouddhisme datant du 1er siècle, dont le Zen

fait partie.

3. Dhammapada : chap 1,2

(collection des dits du Bouddha, probablement réunis au 3e siècle avant J.C)

Source : internet